En vacances, certains parents tiennent absolument à respecter les heures des repas et de la sieste, quand d’autres font voler en éclat toute rigidité d’emploi du temps. Qui a tort, qui a raison ? Pas si simple…
Avouons-le d’emblée : je fais partie des parents qui, en vacances, ont toujours eu du mal à imposer un rythme. Le premier jour, je me promettais toujours : “Nous respecterons la sieste, et les enfants dîneront avant nous pour se coucher tôt.” Le soir même, dès le premier apéritif s’éternisant au soleil couchant, ces vœux pieux s’étaient envolés. Les heures des repas se décalaient, les siestes se faisaient dans la voiture, la poussette, le porte-bébé… Bref, aux dires des mamies, c’était “du grand n’importe quoi”.
“Faire famille”
De ce “grand n’importe quoi”, les albums photo familiaux ont gardé la trace. Et si les tout-petits d’alors n’en ont pas souvenir, la légende familiale se charge de le leur rappeler : “Ah, c’était la fois où tu as fait la sieste sur le siège du porte-bagages, le cou tout tordu !”, “Et le 14 Juillet, on avait dansé jusqu’à minuit !” Ces écarts à la routine quotidienne peuvent être facteur d’inconfort pour le jeune enfant, mais aussi une façon de l’intégrer pleinement à la vie de la famille, d’être et de vivre ensemble des moments souvent festifs et fondateurs.
“Les bébés sont des chercheurs de sens, explique la psychologue et haptonome Hélène Sallez. Ils ont besoin que ce qui leur arrive ou ce qu’on leur propose – une convivialité particulière, un mode de vie nouveau – fasse sens pour eux. Si c’est le cas, ils auront la capacité – et le désir – de s’adapter.”
Rythme naturel ou sociétal ?
Cela dit, j’enviais tout de même les parents qui réussissaient à s’organiser pour que leurs enfants dînent à 18 h 45 (oui, oui, il y en a !) et soient au lit à 19h30, laissant aux adultes une longue soirée de tranquillité. Mais il convient de s’interroger. Quand on parle de “respecter le rythme de l’enfant”, de quoi parle-t-on ? De son rythme naturel ou du rythme que lui impose la société des adultes ? Heure du lever, heure du coucher, temps de sieste… Le rythme professionnel des parents donne le tempo, l’accueil en mode de garde collectif fait le reste. Un exemple ? Un enfant n’a pas forcément faim à 11 h 30, or c’est souvent l’heure à laquelle les repas sont servis dans les crèches.
“Toute l’année, les enfants se plient au rythme des adultes, rappelle Hélène Sallez. Cette adaptation se fait, mais elle est acquise sous contrainte.” Elle suggère donc de saisir l’occasion des vacances pour se mettre davantage à l’écoute des rythmes naturels des enfants. “Ils y seront très sensibles ; ce sont des moments de vie thérapeutiques qui vont nourrir le sentiment que l’enfant a de ses propres besoins.” Ainsi, s’il manifeste qu’il a faim à midi, ne changeons rien. Mais s’il change de rythme, pourquoi ne pas le suivre, pour une fois ?
Voyons dans ces vacances une chance pour expérimenter un autre mode de relation au sein de la famille. Le matin, par exemple, faire des câlins avec Papa et Maman dans le lit, parce qu’ils ont plus de temps… Ne pas se presser pour accomplir les petits gestes de la vie quotidienne : s’habiller, se chausser, se déplacer… à nous d’empêcher les mots “Dépêche-toi !” ou “Attends une seconde !” de franchir nos lèvres. Autant en être conscients, c’est pour les adultes que le virage est difficile à négocier : nous n’avons pas l’habitude d’être attentifs aux rythmes des enfants – ni au nôtre, d’ailleurs !
Comment s’y prendre ? Hélène Sallez pratique l’haptonomie, qui utilise le toucher affectif pour renforcer la relation. Plus que l’observation, trop extérieure et intellectuelle, elle conseille de se laisser guider par ses sens : “Sentir permet par empathie de percevoir ce que l’enfant traverse, et de lui proposer une réponse adaptée, parfois sans y réfléchir. Notre réponse passe par les circuits du tact.” Bref, il s’agit d’exercer sa sensibilité, de s’initier à percevoir les états de l’autre.
S’accorder entre adultes
Entre les parents qui ne veulent en aucun cas “décaler” le petit dans son rythme et ceux qui sont adeptes du lâcher-prise, cela peut faire des étincelles, voire… gâcher l’ambiance estivale ! “Les vacances, c’est relâche, souligne Hélène Sallez. Ce doit être un moment où on se contraint le moins possible.”
Chacun a sa définition de la relâche : avoir du temps tranquille entre adultes, engranger des expériences variées avec les enfants, ou encore se mettre à leur diapason. Un conseil : si vous partez en vacances avec une autre famille, même très proche, discutez-en en amont : qu’est-ce qui est important pour les uns, pour les autres ? Sur quoi peut-on lâcher ? Dernière chose à anticiper mentalement : le retour à la vie habituelle, minutée. Si l’enfant a du mal à se faire à ce rythme contraint, les parents peuvent en convenir : “Tu aimais bien les vacances ? On te laissait dormir… Moi aussi, j’aimerais bien dormir, mais pour l’instant, ça n’est pas possible.” En attendant, bonnes vacances à tous !
Entre les parents qui ne veulent en aucun cas “décaler” le petit dans son rythme et ceux qui sont adeptes du lâcher-prise, cela peut faire des étincelles, voire… gâcher l’ambiance estivale ! “Les vacances, c’est relâche, souligne Hélène Sallez. Ce doit être un moment où on se contraint le moins possible.”
Chacun a sa définition de la relâche : avoir du temps tranquille entre adultes, engranger des expériences variées avec les enfants, ou encore se mettre à leur diapason. Un conseil : si vous partez en vacances avec une autre famille, même très proche, discutez-en en amont : qu’est-ce qui est important pour les uns, pour les autres ? Sur quoi peut-on lâcher ? Dernière chose à anticiper mentalement : le retour à la vie habituelle, minutée. Si l’enfant a du mal à se faire à ce rythme contraint, les parents peuvent en convenir : “Tu aimais bien les vacances ? On te laissait dormir… Moi aussi, j’aimerais bien dormir, mais pour l’instant, ça n’est pas possible.” En attendant, bonnes vacances à tous !