Le blanc qui éblouit, les pieds qui s’enfoncent, la morsure du froid, les bruits assourdis… il y a tant de nouveautés quand un tout-petit fait ses premiers pas dans la neige ! Ces conseils du magazine Popi vous aideront à l’accompagner dans cette découverte.
Une nouvelle expérience
Face à la neige, les découvertes sont multiples pour un tout-petit et, parfois, un brin déstabilisantes. “Sans compter, souligne la psychomotricienne Isabelle Mauron, que ses capacités physiques sont entravées par la combinaison ou les grosses bottes…”
Aux parents d’assurer la sécurité physique et émotionnelle pour que leur enfant trouve ses marques. “Avant de marcher sur la neige, on peut lui proposer de la toucher, suggèrent Anne-Laure Huveau et Lucie Chocot, psychomotriciennes. Et lui faire exprimer ses sensations.” « Face à une nouvelle expérience, pourquoi ne pas lui demander : “Comment ça va ?”, “Comment tu te sens ?” », propose Isabelle Mauron. Tout en respectant un équilibre délicat : “Il faut le protéger sans le surprotéger.” Rien ne vaut alors l’observation de son visage, de ses expressions, “pour l’accompagner dans sa découverte”.
Tous ses sens sont en éveil
“Il neige !” Quel enfant ne s’est pas émerveillé devant le spectacle des flocons tombant du ciel ou du tapis blanc recouvrant le sol ? D’autant que la neige offre de multiples stimulations sensorielles. Une poignée de neige dans la main, on découvre le froid, la matière, et aussi la fonte, au contact de la chaleur.
Une plus grande confiance en soi
En évoluant dans la neige, l’enfant mobilise une attention supplémentaire qui favorise sa concentration. Il explore à la fois sa motricité globale et sa coordination. “La neige aide aussi à dédramatiser les chutes, puisqu’on se fait moins mal qu’en tombant sur un sol plus dur”, rappellent les deux spécialistes.
Chouette, on peut jouer !
Avec la neige, un nouveau champ d’activités s’ouvre au tout-petit. En vidant ou en remplissant des seaux de neige, il exerce sa motricité fine.
La découverte de son propre corps peut aussi être expérimentée par les plus grands : “La construction d’un bonhomme de neige – les bras, la tête, les détails du visage – l’aide à prendre conscience de son corps”, soulignent Anne-Laure Huveau et Lucie Chocot. Tout comme se mettre à plat dos dans la neige tandis qu’un adulte esquisse, avec un bâton, les contours de son corps.
Pour les glissades en luge, on ne commence pas en faisant dévaler au tout-petit une piste verte. “De toute façon, il n’y a pas besoin de stimuler beaucoup un enfant. Il est souvent suffisamment créatif par lui-même ! souligne Isabelle Mauron. Spontanément, il essaiera de remplir la luge avec de la neige, de se mettre dedans assis ou couché, de la tirer lui-même…” Et si c’est nous qui sommes chargés de le tirer, on garde un œil sur ses réactions : que préfère-t-il ? Que nous allions vite ? Lentement ? Ses rires et ses sourires nous aiguilleront sur la marche à suivre…
Petite initiation à la contemplation…
La chute des flocons, la quiétude d’un jardin sous la neige… L’atmosphère d’un paysage hivernal peut inviter à la méditation. Bien sûr, un petit n’étant pas un expert yogi, il ne s’agit pas de le planter vingt minutes devant une fenêtre en espérant qu’il réfléchisse à la condition de l’homme dans l’Univers !
Mais pour Chiara Pastorini, fondatrice des ateliers de philosophie pour enfants Les Petites Lumières, et auteure de Une année d’ateliers philo-art (Nathan), “on peut partir d’une expérience esthétique pour aboutir à un ressenti”. Dans ce cadre, la neige est un excellent vecteur pour aborder quelques concepts sans en avoir l’air : l’éphémère, en se demandant si la neige dure toujours ; la beauté, en demandant au petit ce qu’il trouve justement de magnifique dans ces paysages enneigés.
“On peut les aider à verbaliser ce qu’ils voient”, complète Isabelle Mauron. Qui rappelle que, dans ces expériences, le plus important demeure le temps partagé entre parents et enfant.
Et s’il a peur de la neige ?
Les enfants ne sont pas tous égaux face au froid qui saisit le bout des doigts ou glace les joues. De même, certains peuvent être étreints par une petite angoisse face aux modifications de leur environnement.
“C’est vrai qu’un paysage neigeux – étendues qui semblent infinies, bruits assourdis – peut évoquer les mêmes sensations que celles du rêve”, note le pédopsychiatre Dominique Delmas. Alors, comme dans le cas d’un cauchemar, on peut aider le petit à apprivoiser ce qui l’effraie. Pour cela, rien ne vaut le jeu : “On peut lui expliquer que la neige est de l’eau, en lui montrant concrètement le passage de l’état solide à l’état liquide, propose le médecin. Ou envisager la neige comme une pâte à modeler avec laquelle on peut faire des petites sculptures.”
Les psychomotriciennes Anne-Laure Huveau et Lucie Chocot suggèrent d’autres astuces : proposer à l’enfant de faire rouler un ballon ou de faire marcher un de ses jouets dans la neige, ce qui offre une dimension transitionnelle. Une chose est sûre : rien ne sert de le forcer, il découvrira les joies de la grande blanche quand il sera prêt.