Vers 2 ans, votre tout-petit commence à parler et le mot “non” revient très souvent dans sa bouche. Quelle attitude adopter pendant cette “période du non”, inévitable et essentielle pour le développement de votre enfant, mais parfois éprouvante ?
Le magazine Popi fait le point dans son supplément pour les parents d’avril 2018, à lire ci-dessous.
Comment cela se manifeste ?
À l’approche de son deuxième anniversaire, votre adorable bambin fait une découverte qui va changer sa vie (et la vôtre) : celle du mot “non”. Il expérimente la force de son refus : “Non, pas manger !”, “Pas dormir !”, “Pas s’habiller !”, “Pas le manteau bleu !”, “Pas Papa !” Dur dur, pour la patience (légendaire) des parents.
D’autant que cette attitude est systématique : l’enfant prend le contre-pied sur tous les plans : pas le bain, la douche ; pas le vert, le rouge ; pas Maman, Papa ! On comprend que les Anglo-Saxons parlent du terrible two pour désigner l’âge de 2 ans. Et malheureusement, cela finit rarement le jour de l’anniversaire des 3 ans !
Pourquoi c’est bon signe ?
Rassurez-vous ! UN : c’est un passage obligé. DEUX : il est essentiel à son développement. Si votre enfant n’a que le mot “non” à la bouche, ce n’est pas qu’il cherche le conflit, ni qu’il vous teste, mais c’est qu’il commence à se penser comme un individu à part entière. Vous verrez : il n’utilisera le pronom personnel “je” qu’après avoir longuement expérimenté le “non”…
Cette période du “non” correspond aussi à une prise d’autonomie physique. La marche est désormais bien acquise et permet des initiatives. Tout cela concourt à faire passer le même message : “Je suis quelqu’un de distinct de mes parents, je refuse de continuer de ne faire qu’un avec eux. Et pour cela, je leur dis “non”.” C’est donc un non… positif !
Comment réagir ?
Prendre le temps de s’observer
Face aux “non” de l’enfant, on oscille souvent entre deux attitudes :
- Être très sévère et imposer notre point de vue par la force.
- Baisser les bras en pensant tout haut : “À quoi bon ! Il n’a qu’à faire comme il veut !”
Ces deux attitudes ont des limites :
- Plus on va exiger des choses par autorité, plus l’enfant aura le sentiment qu’on lui refuse d’être lui-même. Il y a fort à parier qu’il va y résister d’une façon ou d’une autre. Ou se soumettre sans pouvoir développer son individualité.
- En tenant compte de son “non”, en le laissant faire “comme il veut”, on rend l’enfant responsable de ses actes et de ses choix, ce dont il n’est pas encore capable : cela le déstabilise et peut le conduire à chercher toujours plus loin les limites.
Autant prendre le temps de réfléchir :
“Est-ce que je réagis souvent pour avoir le dernier mot ?”, “Est-ce que je baisse souvent les bras ?”
Écouter l’écho de nos “non”
N’est-ce pas aussi un de nos mots favoris ? “Non ! Ne touche pas !”, “Non ! Pas maintenant !”, “Non, non, pas ça !” Si notre enfant sait faire déjà beaucoup de choses, il reste encore beaucoup de choses qu’il aurait envie de faire sans le pouvoir : il se confronte à ses limites. Il expérimente l’impuissance. C’est douloureux ! Nos “non” répétés le mettent peut-être dans le même état d’agacement que nous…
Prendre acte de son désir
Quelle que soit notre réponse à son refus, son désir mérite toujours d’être décrypté et exprimé : “Tu aimerais sortir sans manteau, tu te sens plus libre de tes mouvements ?” ; “Tu aimerais manger un bonbon alors qu’on va passer à table. Je sais que tu aimes beaucoup les bonbons…”
Lorsque l’enfant sent qu’on a bien compris son désir, il acceptera plus facilement (moins difficilement ?) qu’on lui oppose la fermeté : “Il fait très froid à l’extérieur, tu ne peux pas sortir en pull” ; “À la maison, on ne mange pas de bonbons avant le dîner.”
Choisir ses batailles
À chacun de ses “non”, on peut se questionner : son refus est-il acceptable ou inacceptable ? Est-ce essentiel de me battre pour le choix du pantalon ? Son refus a-t-il besoin d’expérience ? Il veut sortir sous la pluie sans manteau… Qu’il fasse un petit tour dans le jardin ! Son refus a-t-il besoin de temps ? Il ne veut pas mettre ses chaussures alors qu’on part à la crèche dans cinq minutes… C’est peut-être là sa façon de vous dire qu’il aimerait être moins pressé le matin. Et si demain, on mettait le réveil plus tôt ?
Le faire réfléchir
“Regarde par la fenêtre… Quel temps fait-il ? À ton avis, on doit s’habiller comment pour sortir ? Et les chaussures, plutôt lesquelles ?”
Contourner l’usage de l’impératif
Plutôt que de dire “Mets ton bonnet !”, faire un détour par un choix simple : “Par quoi veux-tu commencer avant de sortir ? Mettre le bonnet ou l’écharpe ?”
Le mettre en position de décider
“Ta peinture de la crèche, on l’affiche dans la cuisine ou dans le couloir ?” Attention : choisir n’est pas facile quand on est petit. Le cerveau n’est pas encore très entraîné à envisager les conséquences des choix. Proposez des choix simples.
Éviter de faire à sa place ce qu’il peut faire
Dès que l’occasion se présente, lui laisser l’initiative. Ainsi, un petit qui tourne la tête systématiquement quand on lui tend la cuillère de purée, mangera peut-être de bon appétit si on le laisse s’en servir tout seul. Tant pis pour l’état de la table !
Garder en tête qu’il n’y a pas de recette miracle, mais que cette période est essentielle pour l’enfant !