Pendant neuf mois, le corps d’un bébé est constamment enveloppé, contenu et massé par la respiration et les mouvements de sa mère. Et puis, à la naissance, c’est tout à coup le vide ! Les mains et le corps des parents jouent alors un rôle primordial. Être touché, câliné, porté permet au tout-petit de retrouver cette sensation de massage permanent et d’éprouver de façon nouvelle les limites de son corps.
Le toucher : un vrai soin !
On en fait nous-mêmes l’expérience : un toucher bienveillant soulage les douleurs, réduit le niveau de stress (en libérant des substances comme l’ocytocine et les endorphines) et renforce le lien entre les individus. Bref, il fait du bien au physique comme au psychique ! Les neurosciences se penchent de plus en plus sur ce sens pas si facile à décrire et à étudier, qui agit sur la biochimie du cerveau.
Elles ont pu déceler que le toucher affectueux renforce le système immunitaire et allonge même l’espérance de vie. Il influence aussi le développement cognitif. Tant et si bien que le contact tactile, surtout dans les toutes premières années, provoque de réelles différences de développement. Heureusement, rares, très rares sont les parents qui n’ont pas le réflexe de prendre leur enfant dans les bras, de lui faire des câlins. On peut même compléter ces contacts spontanés par des massages : ils adorent !
Le massage : un moment d’échange parent-bébé
À l’âge Popi, l’enfant grandit à vue d’œil. Son corps évolue et il doit remettre à jour en permanence son schéma corporel. Ce n’est pas évident ! Certes, depuis qu’il se déplace seul, il explore le monde de tous ses mouvements : il grimpe, rampe, crapahute, trébuche, se cogne, tombe… Une sorte d’automassage qui lui fait prendre conscience des limites de son corps. Mais un massage prodigué par son parent peut l’aider à se rassembler, se recentrer, se reposer après toutes ces aventures ! Comme il est grand maintenant, on peut aussi le masser debout, assis ou couché, à sa convenance. Le tout, c’est qu’il en ait envie… et nous aussi.
Sophie Dumoutet, qui propose un accompagnement des parents de la grossesse à la petite enfance par le yoga et le massage, observe : “Le massage est un dialogue entre l’enfant et le parent, une sorte de chorégraphie, un moment qui fait du bien aux deux. Si le parent n’est pas disponible, l’enfant le sentira. Et si c’est l’enfant qui ne l’est pas, le parent doit le respecter !” Aux parents qui n’osent pas, par peur de mal faire, elle conseille : ”C’est comme lire une histoire le soir : pas besoin d’être conteur ! Pour votre enfant, vous êtes le meilleur masseur !” Alors n’hésitez pas : lancez-vous !
Des parents racontent…
Christine, maman de deux filles, aujourd’hui adolescentes
“Au cours de ma première grossesse, j’ai lu Shantala, un livre sur le massage des enfants en Inde. Quand ma fille est née, ça m’a paru naturel, j’ai fait comme je le sentais. Elle aimait ça, on aurait dit un chat qui ronronne ! Je sentais son corps répondre, se détendre. Sa petite sœur, en revanche, n’a jamais accroché. Je ne m’y attendais pas, et ce fut net. Elle se raidissait tout de suite, même toute petite. Comme elle était par ailleurs très tactile, aimait beaucoup être portée, appréciait les bains, les câlins, je me suis dit : elle est bien comme ça, pourquoi en rajouter ?”
Matthieu, papa de deux petites filles
”J’ai massé mes filles dès le début, comme un prolongement de l’haptonomie qu’on avait pratiquée pendant les grossesses. J’y ai vu comme un peau-à-peau qui rassure. Je continue, surtout avec la grande, qui parfois le soir me demande un massage plutôt qu’une histoire. C’est un moment de bien-être pour elle et pour moi, où je suis complètement dispo, sans téléphone ni repas à préparer… Une petite bulle à deux, dans notre rythme de vie trépidant.”
Petit massage des pieds pour bien dormir
”Oh, les petits pieds qui ont tant marché ! Ils l’ont bien mérité ! Je passe le pouce sur la plante, plusieurs fois. Je détaille chaque orteil, un par un, phalange après phalange. Puis je monte peu à peu jusqu’à la cheville, souple et mobile. Puis les mollets, le tibia, et je m’arrête aux genoux… C’est au tour de l’autre pied !”
Pour aller plus loin
• Le guide du massage de bébé, de Sophie Dumoutet, Larousse. Ce guide comprend aussi des déclinaisons pour les plus âgés. Car les grands frères et les grandes sœurs ne veulent pas être oubliés !
• Shantala, de Frédérick Leboyer, Seuil. Le grand classique, poétique, porté par de magnifiques photos en noir et blanc.
• Le pouvoir des caresses, Arte Documentaires Santé. Être touché est important pour les petits comme pour les grands. Cet intéressant documentaire, intitulé Le pouvoir des caresses, nous éclaire sur le sens du toucher par le biais des neurosciences. À voir sans tarder en replay sur arte.tv jusqu’au 5 janvier 2022.