De plus en plus souvent, votre enfant vous le dit fermement : il veut faire lui-même, et tout seul. Un désir qui parfois vous bouscule un peu… Eh oui, l’autonomie est aussi un apprentissage pour les parents ! Le magazine Popi (1-3 ans) est à vos côtés avec des conseils pratiques pour, à petits pas, l’aider à devenir grand…
Où placer le curseur ?
Ohh, qu’il est difficile, pour nous parents, de trouver le juste équilibre ! Parfois, on s’agace que notre tout-petit ne se comporte pas encore “comme un grand”, parfois, on fait tout à sa place… Dans un cas, on place la barre trop haut, dans l’autre, on réfrène son besoin d’agir par ses propres moyens. À force de se heurter ainsi à un curseur trop souvent mal ajusté, l’enfant risque d’intégrer l’idée qu’il n’est ni capable ni digne de confiance. Et si, pour accompagner au mieux son désir d’indépendance, nous cherchions déjà à savoir ce qui résiste en nous ?
Pas de temps à perdre ?
Notre excuse la plus fréquente pour ne pas laisser notre petit essayer de faire les choses lui-même : le rythme. Entre le travail, la famille, les courses… tout est chronométré. Il faut être efficace, rapide. L’enfant, lui, a besoin de temps pour faire, rater, refaire, apprendre… Et c’est long, surtout si ça s’accompagne d’eau à éponger ou de chaussures à inverser. Alors parfois, on ne tient plus : vite, vite, on lui enfile ses chaussures ; vite, vite, on le fourre dans la poussette. Au diable l’autonomie !
Zéro risque !
Et s’il tombait ? S’il salissait le canapé ? S’il se coupait ? Oui, bien sûr, il y a des risques à laisser notre petit faire tout seul, et notre rôle est de les mesurer. Mais faire à sa place, devancer ses besoins, lui éviter les échecs, retenir ses initiatives, c’est une façon de le maintenir dépendant de nous… et de refuser qu’il grandisse. “Car cet enfant, explique la psychologue Raëfa Jallouz-Schweitzer, inconsciemment, on veut le garder pour soi. À sa naissance, le bébé est complètement dépendant, et combler tous ses besoins nous comble. Puis peu à peu, le parent prend conscience que l’enfant n’est pas une part de lui-même, mais un individu indépendant.”
Pas facile d’accepter qu’il gagne en autonomie alors qu’on était tout pour lui : “Je sers à quoi, moi, s’il fait tout tout seul ?” s’écrient parfois des parents déstabilisés ! Anne Spatazza, éducatrice de jeunes enfants, répond : “Vous êtes une présence ‘contenante’ à ses côtés. C’est essentiel.” Alors… si on élargissait son rayon d’action, petit à petit ?
7 petits pas de parents vers l’autonomie de l’enfant
1• Se donner du temps : faire une pause (30 minutes par exemple) pour observer attentivement son enfant… Quelle surprise, il est déjà capable de faire plein de choses !
2• Passer mentalement en revue les gestes que nous faisons pour lui, sans réfléchir : verser l’eau dans son gobelet, lui enfiler ses vêtements, remonter sa fermeture Éclair, le laver, le hisser dans le siège-auto, le nourrir à la cuillère… Et s’il s’exerçait à faire tout cela lui-même ?
3• Éviter d’attendre de lui des choses qui sont encore hors de sa portée. Au hasard : ne pas crier en se roulant par terre quand on lui refuse quelque chose, aller se coucher au premier signe de fatigue, ranger spontanément ses affaires… En est-il vraiment déjà là à son âge ?
4• Adapter les objets du quotidien : un pichet d’un litre, c’est lourd, mais un petit pichet d’un quart de litre est idéal pour s’entraîner à verser. De même, un gant de toilette d’adulte gorgé d’eau est peu maniable par une petite main. Pensons aussi aux marchepieds et portemanteaux accessibles !
5• Identifier les bons moments d’autonomie et lui expliquer pourquoi. Le matin, juste avant de partir, quand on est pressé, c’est difficile de prendre le temps. Mais le soir, le week-end, oui, pourquoi pas ?
6• Être précis dans nos paroles : “Fais attention !”, c’est flou. Un message clair est préférable, comme : “Pour tenir ton verre, utilise tes deux mains.” Éviter également les prédictions qui coupent les ailes, tel le classique “Tu vas tomber !” Au contraire, soyons encourageants : “Oui, là, tu peux grimper.”
7• Oser dire “non”. Le boulevard à traverser seul, non. La casserole d’eau bouillante, non. Jeter le caillou sur la copine, non. Même si ça ne lui plaît pas toujours ! Notre fermeté sur les interdits est précieuse : cela sécurise l’enfant et lui permet, a contrario, d’identifier tout ce qui est permis d’explorer !
Apprendre en 4 temps
Pour intégrer un geste, l’enfant va devoir le répéter des centaines de fois. Et ce qui est évident pour nous ne l’est pas pour lui. Rien ne sert de lui dire ”Lave-toi !”… Mieux vaut :
- 1. lui montrer les gestes en les expliquant (“Je prends le savon ; je…”) ;
- 2. faire avec lui ;
- 3. le laisser faire en restant à côté de lui ;
- 4. le laisser faire tout seul, sans vous. Apprendre, ça prend du temps !