Les colères de votre tout-petit prennent parfois de telles proportions que vous ne savez plus quoi faire ! Nos explications et conseils pour mieux comprendre ce qu’il ressent… et réagir de manière adaptée lorsqu’il est débordé par ses émotions.
Pourquoi sommes-nous si souvent démunis devant la colère d’un tout-petit ?
Devant la colère d’un enfant – qui peut aller jusqu’à se rouler par terre ou hurler – nous nous sentons souvent démunis parce qu’elle nous semble disproportionnée par rapport à la situation réelle. On se dit alors un peu trop vite qu’il “fait un caprice”. Mais non.
Jusqu’à 2-3 ans, un enfant ne fait pas de caprices. Il n’a pas les moyens neurologiques de contrôler complètement ses émotions, surtout une émotion aussi intense que la colère. Il ne décide pas d’être en colère. Il ne “fait” pas une colère. Il “est” en colère.
D’ailleurs, que l’on soit un tout-petit, un enfant, un ado ou un adulte, la colère n’est pas toujours négative car elle a aussi une fonction de protection : elle oblige à réagir à quelque chose qui ne nous convient pas.
Comment identifier les situations qui peuvent déclencher la colère ?
La colère est la plupart du temps liée au fait qu’un de nos besoins fondamentaux n’est pas respecté. Nous avons tous cinq besoins fondamentaux : le besoin d’intégrité physique, lié à la survie. Le besoin d’appartenance, le fait d’être aimé et de partager. Le besoin de liberté. Et enfin le besoin de plaisir et le besoin de compétence, celui de pouvoir faire des choses tout seul.
La colère du jeune enfant est alors une réponse à un besoin qui n’est pas entendu. Ainsi par exemple, vers deux ans, l’enfant commence à ressentir ce besoin de montrer ce dont il est capable : “Je peux faire tout seul, m’habiller tout seul, manger tout seul…” D’où des colères quand on veut parfois l’aider…
Comment aider un tout-petit dans la découverte de ses propres émotions ?
Notre rôle d’adulte va être d’apprendre à l’enfant à reconnaître et nommer les émotions qu’il est en train de vivre. Il s’agit également de lui apprendre progressivement à faire la différence entre un besoin et une envie.
Un jeune enfant a tendance à confondre les deux : il vous dira qu’il a besoin de son pull rouge plutôt que de son pull bleu. Il vous dira qu’il a besoin de dormir avec Papa et Maman. En fait, il a “besoin” de dormir, et “envie” d’être avec Papa et Maman… Mais tout a la même importance pour l’enfant. Sans les blesser, à nous de leur apprendre petit à petit à faire la différence.
Mais dans l’instant, quelle est la bonne attitude face à un tout-petit qui est débordé par une émotion ?
Il est important de se rappeler que ce “tsunami émotionnel”, que représente la colère, le met dans un état de réelle détresse. C’est pourquoi, parfois, l’enfant qui “fait une crise” nous regarde et nous tend les bras. Là, il a besoin qu’un adulte le prenne contre lui pour se sentir compris. C’est seulement une fois la tension retombée qu’il sera possible de parler avec lui de ce qui vient de se passer.
Enfin, il faut être attentif à ne pas céder nous-mêmes à la colère. Car la colère est une émotion contagieuse. Elle provoque généralement la colère en retour. C’est aussi une émotion “écran” qui en cache une autre : ainsi, par exemple, lorsqu’un enfant se perd dans un magasin, quand son parent le retrouve, celui-ci lui exprime le plus souvent sa colère. Mais l’adulte a d’abord eu peur d’avoir perdu son enfant. S’il commençait par lui dire : “J’ai eu peur”, ce message différent permettrait à l’enfant d’être plus à l’écoute de son parent. Il est plus facile de recevoir la détresse de quelqu’un que sa colère, surtout pour un enfant.
Propos de Nadège Larcher psychologue, formatrice à “ l’atelier des parents ”, recueillis par Anne Ricou