L’amitié est essentielle au développement de l’enfant. À 18 mois ou 2 ans, les tout-petits nous surprennent parfois par leur manière de vivre leurs amitiés. Décryptage de ces premières relations amicales pour trouver la bonne attitude.
Les amitiés “énergiques” voire agressives !
“Ma fille a une façon très énergique de montrer à un enfant qu’il lui plaît : elle le serre très fort dans ses bras et veut le couvrir de bisous. Souvent, cela se termine en bagarre car l’autre prend cette marque d’affection pour une agression !” constate Marie, maman de Lola, 20 mois. En effet, un enfant de cet âge est encore assez maladroit, sa motricité pas totalement aboutie rend ses gestes brusques, mal dosés dans leur intensité. Et le développement du langage n’étant pas terminé, l’enfant n’est pas en mesure d’exprimer ses sentiments. Enfin, il est incapable de se mettre à la place de l’autre, d’imaginer qu’à cet instant précis, il n’a peut-être pas envie d’un câlin, explique aussi Christine Brunet*, psychologue.
Comment réagir ?
Dans ces amitiés enfantines, les parents ont un rôle de médiateurs à jouer afin d’adoucir les premiers contacts. Ainsi, vous pouvez vous faire son porte-parole auprès des autres enfants : “Je crois que Théo aimerait bien te faire un câlin, tu es d’accord ?” Et si votre enfant est surpris par la réaction du copain : “Il n’a pas compris que tu voulais lui faire un bisou. Même si ton copain aime bien jouer avec toi, il n’a peut-être pas envie qu’on lui fasse un câlin. Il a aussi le droit de dire non.” Ainsi, votre enfant apprendra petit à petit à canaliser son énergie, sans perdre de son enthousiasme pour les autres !
Les amitiés “découverte”
“Mon fils a un tempérament très calme. Mais curieusement, à la crèche ou au square, il s’acoquine toujours avec les enfants les plus agités. Avec mon mari, nous sommes étonnés qu’il ne préfère pas des petits copains qui lui ressemblent davantage”, confie Krystel, maman de Louis, 2 ans. C’est justement la différence qui l’attire ! Un petit calme qui côtoie un petit agité – ou vice versa – découvre des comportements qui ne lui sont pas habituels, c’est intrigant et amusant. Il cherche à imiter cet enfant différent, à s’approprier ce trait de caractère qui lui fait défaut, note Christine Brunet. Une belle opportunité pour se construire une personnalité riche et diversifiée.
Comment réagir ?
“Nous faisons toujours très attention à ne jamais dire du mal des petits copains de Louis, même s’ils ne nous plaisent pas vraiment, explique Krystel. Les critiquer, ce serait dévaloriser notre fils.”
Attitude 100 % juste de parents tendres et aimants. À une exception près : quand la ou le “petit agité” se révèle être un “petit dictateur” qui veut mettre tous ses copains au pas. C’est important d’expliquer ce qui nous gêne avec des mots simples : “Quand on est ami, personne n’est le chef de l’autre.” Ou encore : “Si ton copain veut t’obliger à jouer et que tu n’en as pas envie… Tu as le droit de dire non.”
L’amitié, bulle des “inséparables”
“Quand je dépose mon fils à la crèche le matin, il se précipite vers sa ”bande“ et prend à peine le temps de me dire au revoir ! Ils sont trois copains inséparables. J’ai l’impression qu’ils se réconfortent mutuellement…”, raconte Luc, papa de Martial, 2 ans et demi. Quand un petit enfant fréquente une collectivité, entretenir des liens privilégiés avec d’autres enfants l’aide à mieux vivre la séparation d’avec ses parents, confirme Christine Brunet. Cette relation d’attachement hors de la sphère familiale marque les vrais débuts de l’autonomisation de l’enfant. Ses premiers amis l’aident à grandir, tout simplement.
Comment réagir ?
N’hésitez pas à intégrer ses amis à votre quotidien, à parler d’eux. “On finit vite de se préparer, ensuite tu vas retrouver Ethel et Émile à la crèche.” Ces amitiés faisant office de repères rassurants pour un tout-petit, les évoquer adoucit toujours les séparations.
* Christine Brunet est coauteure avec Anne-Cécile Sarfati de Petits tracas et gros soucis de 1 à 7 ans, éd. Albin Michel.