Après les grandes vacances d’été, découvrir ou retrouver la crèche, la nounou ou l’école n’est pas toujours simple ! Pour les petits comme pour les grands…
Le retour des vacances
Pernette a 18 mois. Elle connaît pourtant bien sa nounou, mais là, après un mois sans la voir, elle enfouit sa tête dans le cou de sa maman : “Non, non, non !” Melchior, lui, ouvre grands les yeux en passant pour la première fois la porte de la crèche. Aujourd’hui, il va y rester une petite heure, avec son papa… Quel que soit le cas de figure, l’enfant a besoin de temps pour apprivoiser le lieu et les personnes avec qui il va passer sa journée. La fameuse “période d’adaptation” n’est pas organisée pour rien. “Il est important que l’enfant constate que ses parents sont en contact avec les professionnels”, insiste Ambre Pressiat, psychologue qui travaille pour l’organisme “Crèche, santé et prévention”.
Du temps… même pour les parents
L’adaptation “sert aussi à préparer les parents à laisser des professionnels s’occuper de leur enfant”, poursuit Ambre Pressiat. Si malgré tout, cela vous serre le cœur de partir au travail, dites-le lui : “Ça me rend triste de ne pas rester avec toi, mais on se retrouve ce soir. Pendant la journée, je penserai à toi.” Un ton rassurant et enveloppant fait son effet, même à un nourrisson qui ne parle pas.
Drame : on a oublié le doudou !
Le doudou, bout de tissu, peluche, tétine, jouet… permet à l’enfant d’emporter un peu de son univers familier pour affronter le monde avec un minimum de sérénité. Romy, 2 ans, sélectionne tous les matins ce qu’elle emporte chez sa nounou. “Ça la rassure, sauf qu’elle veut parfois tout prendre !” sourit sa mère, qui a dû mettre des limites. De son côté, constatant que le retour des vacances d’été était compliqué pour Maxime, “difficilement consolable”, l’équipe de sa crèche a fait une suggestion à la famille : lui confectionner un petit album de photos des vacances. Ainsi, il avait avec lui ses souvenirs, pouvait les partager avec le personnel et les autres enfants. Rapidement, il a renoué le lien avec les autres par le biais de cet objet. Un “carnet de liaison” peut aussi contribuer à établir du lien et donc de la confiance. Marie, nounou depuis dix ans, y note les menus, les activités et les heures de sieste : “Depuis que j’ai un smartphone, je n’hésite pas à envoyer une photo aux parents, surtout quand la séparation a été compliquée le matin.”
Petit mais costaud !
Quand notre enfant nous paraît hardi ou assuré, on est tenté de négliger ce temps d’adaptation : “Il est très sociable, il n’y a pas de raisons que ça se passe mal.” Vigilance tout de même… Dans le cadre familial, l’enfant se sent en sécurité : avec Papa ou Maman tout près, il est facile d’aller vers les autres. Pourtant, même ceux qui paraissent avoir beaucoup d’aplomb ont besoin d’apprivoiser un nouveau lieu, de nouvelles personnes.
Larmes de crocodile ?
Votre bébé allait sans problème dans les bras de ceux qui s’occupent de lui dans la journée, et tout d’un coup, il ne veut plus vous quitter. N’aurait-il pas plus ou moins 8 mois ? C’est une étape naturelle dans le développement de l’enfant. Tout comme entre 2 et 3 ans, il s’opposera à tout ce que vous demanderez : “Non, non, non !” Romy a traversé cette phase : “Elle pleurait, c’était dur pour moi ! raconte sa maman. J’avais besoin de la savoir apaisée avant de partir, mais elle ne se laissait pas consoler.” Même si cela vous semble douloureux, coupez court, sans laisser la séparation s’éterniser : “Il faut réussir à quitter son enfant même s’il pleure”, insiste Ambre Pressiat. Et verbalisez sa peine : “Ça te rend triste, je le vois. Je pars, mais je reviens te chercher après le goûter.” Mais rassurez-vous, le chagrin ne dure pas ! “Il est rare qu’un enfant pleure plus de 5 minutes”, poursuit Ambre Pressiat. Autre stratégie : “Avec mon mari, plus détaché, ça se passait mieux”,se souvient la maman de Romy.
Et s’il s’en fiche…
Vous répétez “À tout à l’heure” et multipliez les signes de la main. Impassible, votre enfant ne vous accorde même pas un regard. Ambre Pressiat y voit “un moyen de défense. Pour aucun enfant, se séparer de son parent pour la journée n’est anodin. L’absence de réaction est une réaction à la séparation. Trouver un moyen de se défendre de ce qui nous fait souffrir est une belle qualité”. Le parent n’a pas à forcer son enfant à dire au revoir, mais il doit persister, lui, à le faire pour que l’enfant ne se sente pas abandonné.
Quelles retrouvailles !
Quand vous venez le chercher, se jette-t-il dans vos bras ? Poursuit-il ses occupations ? Fond-il en larmes ? Se retrouver après une journée de séparation ne va pas toujours de soi… Investir le lieu de garde demande un travail à l’enfant, s’en séparer aussi. Évitons de fondre sur l’enfant pour le prendre dans nos bras, le couvrir de baisers, l’habiller, et hop on file ! Mieux vaut s’abaisser à sa hauteur, l’observer, lui parler, écouter ce qu’il exprime et le verbaliser pour lui. Autrement dit, prendre le temps, le sien…
“À la crèche, chez la nounou… comment lui dire au revoir ?”, supplément pour les parents du magazine Popi n°409, septembre 2020. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Claire Le Meil.