La vie quotidienne (ménage, cuisine…) présente une multitude d’activités intéressantes pour un enfant, même petit ! Et en jouant à faire comme les grands, il apprend tant de choses ! Explications et conseils pratiques du magazine Popi pour accompagner son besoin d’autonomie… et lui faire confiance.
Alors qu’il découvre son corps, votre tout-petit aime :
• ouvrir et fermer le robinet pour se laver les mains
• se frotter avec le gant de toilette et le savon
• mettre du dentifrice sur la brosse à dents… et se brosser les dents
• se coiffer
• retirer sa couche
• en cas d’accident de pipi, enlever seul ses vêtements et les placer dans une bassine pour les rincer
• transporter, vider et rincer son pot. Il suffit de lui montrer comment faire !
Prévoir : un marchepied sous le lavabo, pour que l’enfant soit à la bonne hauteur. Si votre salle de bains est assez grande, une petite bassine sur une table basse, avec savon et petite lavette ou gant de toilette ajusté à la taille de sa main, pour se débarbouiller. C’est l’occasion de lui apprendre à utiliser l’eau et le savon avec mesure. Fixez aussi un miroir à sa hauteur.
Pour s’occuper de ses vêtements, proposez-lui de :
• les ranger lui-même dans son armoire
• les préparer pour le lendemain
• s’habiller seul en le laissant manipuler les zips, passer les boutons dans les boutonnières, utiliser les boutons-pressions
• mettre seul ses chaussures, ranger ses chaussons
• suspendre son manteau au portemanteau.
Prévoir : une place pour chaque chose. Votre enfant a besoin de savoir où sont rangées ses affaires, pour être autonome. Dans le cas des vêtements, à vous d’en réduire la quantité, en retirant les tailles qui ne vont plus et les tenues hors saison. Décidez avec lui de l’emplacement des chaussettes, des slips, etc. Dans l’entrée, fixez une patère à sa hauteur et une petite caisse pour ranger ses chaussures (avec sa photo, pourquoi pas !). Pour l’opération d’habillage elle-même, ménagez quelques moments où vous n’êtes pas pressés pour l’entraîner !
Dès le plus jeune âge, c’est un “pro” du ménage ! À vos côtés, il peut :
• sortir le linge de la machine et étendre les petits vêtements en bas de l’étendoir. Pas facile de manipuler les pinces à linge !
• assembler les chaussettes par paires, trier les slips et les culottes pour chaque membre de la famille
• mettre le couvert, sans rien oublier
• trier les couverts qui sortent du lave-vaisselle
• ranger les courses
• balayer
• nettoyer les vitres. Les méthodes traditionnelles sont idéales : le Blanc de Meudon, par exemple, se voit sur le carreau et permet de faire des dessins. Ensuite, on enlève tout avec un chiffon !
• faire une minivaisselle puis l’essuyer avec un torchon, faire une minilessive
• planter des graines dans une jardinière, passer le râteau dans la terre du jardin.
Prévoir : des marchepieds à disséminer dans les endroits stratégiques (évier, plan de travail…). Pour le ménage, une balayette et une pelle rien qu’à lui, ainsi qu’un balai-brosse au manche coupé et un chiffon en microfibres. Ajoutez à cela un tablier et un torchon. Quelle fierté de se sentir utile ! N’oubliez pas de le remercier pour toute l’aide qu’il vous apporte…
À la cuisine et à table, votre enfant se régale quand vous le laissez :
• laver les légumes (quel bonheur d’ôter la terre avec une petite brosse !)
• couper des fruits (les légumes sont souvent plus durs) : bananes, pommes, poires… Oui, oui, il peut utiliser un couteau !
• étaler une pâte à tarte avec un rouleau
• manger tout seul, et se resservir seul
• se servir de l’eau avec un petit pichet
• beurrer sa tartine avec un couteau à beurre (et du beurre un peu mou).
Prévoir : une éponge, une serpillière, un torchon, pour réparer lui-même les petits accidents. Car il y en aura forcément… Mais au fond, c’est comme ça qu’on apprend !
“Il faut accepter que tout ne soit pas parfait !”
Isabelle, éducatrice pour les 2-3 ans à l’école Montessori de Lyon, répond à nos questions sur la façon d’accompagner son enfant.
Les parents en font-ils trop ?
« La vie quotidienne présente une multitude d’activités intéressantes pour l’enfant. Pourtant, j’observe que les parents font à la place de leur enfant des choses qu’il pourrait faire lui-même. Souvent, les parents s’étonnent : “Il veut nous aider”, “Il veut tout faire tout seul !” C’est normal : à son âge, il a envie de reproduire les gestes des adultes. En adaptant un minimum la cuisine ou la salle de bains, on peut mettre les tâches du quotidien à hauteur de l’enfant, physiquement et intellectuellement. Oui, il peut transvaser de la farine, laver, balayer… Et lui permettre de s’y essayer est bien plus qu’un simple jeu éducatif, c’est une vraie aide à l’autonomie. »
Mais alors, quelle attitude adopter ?
« Pour certains parents, il est difficile de lâcher prise et d’accepter que ce que fait l’enfant ne soit pas parfait. Il est primordial de faire confiance à l’enfant, et de se faire confiance à soi-même, en tant que parent ! Je conseille de montrer le geste en décomposant le mouvement de façon exagérée et sans parler, comme on le fait dans les écoles Montessori. Et aussi d’observer son enfant, pour repérer le moment où il aura besoin d’aide, sans la devancer. Acceptons qu’il ne réussisse pas tout immédiatement : ce ne sera ni très rapide, ni très précis. Verser de l’eau dans un verre, par exemple, nécessite un grand entraînement. Mais tout faire à la place de l’enfant peut le conduire à renoncer à prendre l’initiative et à manquer d’estime de soi. Parmi mes élèves, je repère ceux dont les parents font tout ! »
Et face aux “ratés” ?
« Oui, il y aura de la farine à côté du plat, de l’eau sera renversée, la culotte mise à l’envers ! Parfois, j’entends les parents dire : “Oh, tu t’es trompé !” Nous travaillons plutôt sur le contrôle de l’erreur, c’est-à-dire que nous laissons l’enfant s’en rendre compte lui-même. Si le verre tombe et se casse, s’il ressent une gêne dans ses bottes inversées, l’enfant en tire des leçons utiles. A contrario, s’il est à l’aise avec ses chaussons mis à l’envers, pas de problème ! On peut se contenter de tâter le terrain : “Est-ce que ça te va, comme ça ? Est-ce que tu as besoin que je te remontre ?” L’essentiel est d’arriver à croire en son enfant : il est en capacité d’accomplir plein de choses ! »