Votre tout-petit s’endort difficilement ? Se réveille la nuit, fait des cauchemars ? Le supplément pour les parents du magazine Popi vous conseille pour mettre en place des rituels rassurants et instaurer de bonnes habitudes de sommeil. Au dodo, les petits !
Avant l’heure du coucher
Un regard vers la pendule, et le compte à rebours est lancé ! Ce n’est plus le moment de chahuter, de jouer au cheval à quatre pattes dans le salon ou de mettre la musique à fond pour danser… Bien avant l’heure du coucher, les activités excitantes ne sont pas conseillées. D’autant que l’arrivée du célèbre “train du sommeil” est souvent silencieuse et discrète. L’enfant se met dans un coin, se frotte les yeux, le nez, bâille ? D’ici un quart d’heure, il doit être au lit, sinon il nous faudra patienter jusqu’au cycle suivant. Soit, pour un tout-petit, 50 minutes environ.
Une routine qui rassure
Bain, pyjama, repas, changement de couche… à nous de voir dans quel ordre effectuer ces passages obligés. Ensuite, on n’y déroge plus, même le week-end où les contraintes s’allègent : l’ordre est rassurant. Et plus le rythme est régulier, plus l’endormissement se fera sans encombre. Les rituels ont une fonction capitale. Lire une histoire, chanter une comptine ensemble, raconter la journée, faire un petit massage… Tout cela permet de recharger les batteries affectives pour affronter la solitude de la nuit. Ces moments-là sont précieux pour l’enfant, qui aime en avoir toujours plus. Alors, on le prévient : “Je lis une histoire puis je chante une chanson, je te fais un bisou et je sors de la chambre.” Et on s’y tient !
Mon petit lit chéri !
Quel plaisir de se lover dans son lit, d’y retrouver son odeur, d’y répandre encore un peu de salive… En bon mammifère, l’enfant fait son nid, lui aussi, et il a besoin de s’y sentir bien pour bien dormir. Au passage, notons que le lit n’est pas un lieu d’éveil et que jouets, boîtes à musique et autres mobiles qui stimulent l’enfant n’y ont a priori pas leur place. Enfin, pour s’assoupir, le corps doit être à une température moins élevée que dans la journée. La température de la chambre – aérée – ne doit pas excéder 19 degrés.
Et pour la lumière ? Certains enfants redoutent l’obscurité, mais pas tous. Donc si l’enfant n’exprime pas la peur du noir, pas la peine de la devancer. D’autant que la sécrétion de la mélatonine – surnommée “hormone du sommeil” – qui régule notre rythme chronobiologique est stimulée par l’obscurité nocturne.
“Il s’est réveillé !”… Vraiment ?
Entre 6 mois et 3 ans, les cycles de sommeil, d’une heure environ, comportent trois phases : le sommeil lent (l’enfant tète, agrippe son doudou), le sommeil profond (sa bouche et ses mains sont ouvertes, il s’abandonne), et le sommeil paradoxal (ses yeux bougent sous ses paupières, sa respiration est irrégulière et son cœur bat rapidement). Entre deux cycles, il y a un microréveil naturel : le dormeur pousse un grand soupir, change de position. C’est le moment périlleux, où certains vont se rendormir tout seuls, d’autres non. Attendons de voir, sans nous précipiter. S’il faut intervenir, laissons la lumière éteinte et réduisons nos gestes au minimum pour bien faire comprendre que c’est la nuit.
Quel cauchemar !
Il s’en passe des choses, la nuit, dans un cerveau ! Les terreurs nocturnes interviennent lors du sommeil profond : l’enfant transpire, hurle, se dresse parfois dans son lit, yeux grands ouverts. En fait, il dort. Mieux vaut ne pas le réveiller, simplement poser sa main sur lui et le tranquilliser par la parole. Les rêves et les cauchemars, eux, apparaissent dans la phase de sommeil paradoxal. Souvent, l’enfant se réveille juste après, et sait manifester qu’il a fait un cauchemar.
On le laisse pleurer ou non ?
Les périodes d’acquisition (marche, langage, propreté…) ou de changement (déménagement, naissance…) peuvent bouleverser le délicat équilibre du sommeil. La patience des parents est parfois mise à rude épreuve ! Mais laisser pleurer un enfant, seul, longuement, c’est le livrer au stress, à la détresse. Pour dormir, la sécurité affective est nécessaire. Être rassurant peut se faire par la proximité physique, mais aussi par la voix, la présence progressivement plus lointaine… Si les difficultés persistent, il est possible de se faire conseiller par son médecin ou par un professionnel formé aux questions du sommeil. Passer le relais, de temps à autre, aux grands-parents, peut aussi être salvateur – ne serait-ce que pour récupérer !
À chacun sa façon de dormir !
Notre façon de dormir est culturelle. En France, nos attentes sur le sommeil des petits sont imprégnées par ce modèle : l’enfant dans son propre lit, seul, dans une chambre à part, autonome dans ses endormissements. Dans le monde, cette conception est minoritaire. L’anthropologue américain James J. McKenna a étudié les différences de comportement lorsque la mère et le jeune enfant dorment ensemble ou séparément. Ses recherches l’ont conduit à prendre fait et cause pour le “co-dodo”, auquel il a consacré de nombreux ouvrages. Retenons qu’il n’y a pas qu’une façon de dormir. “Si on se détendait un peu et qu’on laissait les bébés être des bébés, conclut le professeur, ils dormiraient mieux, et les parents aussi.” Le chemin vers le sommeil “tout seul comme un grand” n’est pas un long fleuve tranquille.
Ce dossier a été réalisé avec les éclairages précieux d’Anna Pinelli, sage-femme, membre de PROSOM (Association nationale pour la promotion des connaissances sur le sommeil) et de Régine Prieur, psychologue et sage-femme qui vient de coordonner l’ouvrage collectif Au dodo, les bébés ! (revue Spirale, n°94, Érès, octobre 2020).